Tchernobyl : Les précautions prises
Suite à l’explosion, différents types de mesures ont été mis en place pour tenter de minimiser les dégâts d’une catastrophe d’une telle ampleur :
1. Les mesures prises par l’URSS :
Évacuation de la population et mesures préventives :
Un jour et demi après l’explosion, 5000 personnes résidant dans un rayon de 30 km autour de la centrale sont évacuées. Ce n’est que plus tard que 350 000 personnes habitant en Biélorussie et en Ukraine seront déplacées, malheureusement la réaction trop tardive des autorités ne pourra empêcher leur contamination.
Dès le début, régime politique soviétique de l’époque a souhaité gérer cette crise de façon « discrète » sans aucune communication sur la gravité de la situation. Cela a eu des incidences graves pour les pays directement concerné mais aussi pour le reste de l’Europe.
Les autorités ont procédé à une distribution tardive de comprimés d’iode chargés de se fixer sur la thyroïde afin d’empêcher l’iode 131 radioactive de s’y fixer et d’être peut-être à l’origine d’un cancer de la thyroïde. Il a été également interdit de consommer des produits frais pour éviter toute contamination.
Mesures prises pour diminuer la propagation de la radioactivité :
Afin de stopper l’émission de produits radioactifs, les Soviétiques ont déversé par hélicoptère des milliers de tonnes de sable et de plomb sur le réacteur détruit. Puis ils ont injecté de l’azote sous le réacteur pour le refroidir et arrêter l’incendie. Lors de nos recherches nous sommes parvenu à trouver le témoignage écrit de l’un des experts soviétiques, l’académicien et physicien Vassili Nesterenko, acteur majeur de l’action menée par les soviétiques pour éteindre l’incendie. Ce témoignage indique que les risques dans les heures qui ont suivi l'accident étaient une gigantesque explosion nucléaire qui aurait rendu la Russie et une partie de l'Europe inhabitable. Nous en avons placé un extrait en annexe : L’Europe aurait pu devenir inhabitable –entretien réalisé par Galia Ackerman
Un sarcophage en béton et en acier de 50 mètres de hauteur a été achevé en novembre 1986.
(source : irsn.fr)
La politique de Moscou, pour régler une situation qu’elle ne pouvait gérer, a été d’envoyer un nombre massif d’hommes, tout en diffusant une campagne de propagande selon laquelle il s’agissait d’un incident mineur ne nécessitant pas une évacuation précipitée. Les Soviétiques affirmèrent aussi que seulement 3% du combustible nucléaire s’était évaporé dans l’air alors que d’après une enquête récente menée par des ingénieurs en nucléaire a démontré que plus de 97% de la matière radioactive s’était répandue sur le continent.
Ce n’est que le 15 décembre 2000 que la fermeture définitive de la centrale a eu lieu, lors de l’arrêt du réacteur numéro 3, une partie de sa tuyauterie montrant des fissures inquiétantes. Le réacteur numéro 2 est hors service depuis un incendie en 1991, tandis que le réacteur numéro 1 qui nécessitait d’importants travaux a été stoppé en novembre 1996. Cette fermeture est intervenue sous la pression de l'Europe, qui a promis d'aider à la mise en route de deux nouveaux réacteurs nucléaires et à la construction d'un nouveau sarcophage.
Ainsi de nombreuses directives ont été mises en place mais les autorités russes n'ont pas évalué au départ les conséquences tragiques de l'accident . Les mesures d'urgence telles que l'évacuation de la population ont tardé pour être prises et les précautions n'ont pas été suffisantes pour préserver la santé des personnes qui sont intervenues sur site après l'accident.
Certaines mesures sont toujours d’actualité, comme la construction du nouveau sarcophage. Son coût très élevé sera pris en charge en grande partie par l’union Européenne. Le début des travaux est déjà en retard de plusieurs mois.
- Les mesures prises par les pays Européens.
Les pays européens ont été alerté par la Suède qui a relevé un taux de radioactivité très importante et en a conclu qu’un accident majeur était survenu dans les pays de EX URSS.
Voici un exemple de mesures qui ont été immédiatement été prises par de nombreux pays européens.
En Norvège : le gouvernement interdit la vente et l'exportation du lait et des fromages de chèvre, ainsi que des fraises et des myrtilles, dont la radioactivité est 10 à 15 fois supérieure à la moyenne habituelle.
En Allemagne : dans les villes de Essen, Hambourg, Munich, les autorités recommandent aux populations de se protéger des averses. En Rhénanie, Westphalie et au Bade-Wurtemberg, on demande à la population de ne plus consommer ni lait ni légumes verts. A Berlin-Ouest, les autorités demandent aux femmes enceintes et aux enfants de ne pas sortir des maisons. Comme leurs voisins nordiques, les petits Allemands sont privés de jouer dans les bacs à sable des jardins.
En Pologne : on demande aux agriculteurs de garder les animaux à l'étable et à la population de ne plus consommer de lait. Dans les écoles, les enseignants suppriment les cours de gymnastique et les récréations. On ferme les piscines et les centres de vacances et 18 millions de comprimés d'iode sont distribués, en priorité aux enfants et aux femmes enceintes.
En Italie : le ministre de la Santé interdit la vente des légumes verts et la consommation de lait frais pour les femmes enceintes et les enfants de moins de dix ans.
Aux Pays-Bas, en Grande-Bretagne, en Suisse : des mesures identiques sont prises et 2 millions et demi de vaches hollandaises sont consignés dans les étables.
En Grèce : on suspend la production de yaourts et de fromages frais.
Des mesures simples de prévention vont être appliquées dans toute l'Europe, à l'exception de la France, qui ne donne aucune consigne particulière.
3. Les mesures prises en France :
Le journal TV du 30 avril 1986 visionné sur le site de l’INA explique la catastrophe et informe que le nuage n’atteindra pas la France.
Un communiqué du SCPRI destiné aux médias affirme : «L'accident nucléaire de la centrale de Tchernobyl en URSS n'a pas entraîné d'élévation significative de la radioactivité sur le territoire de notre région. (...) La distribution d'iode stable destiné à bloquer le fonctionnement de la thyroïde n'est ni justifiée, ni opportune dans notre pays. Aussi, ni la situation actuelle, ni son évolution ultérieure ne justifient quelque contre-mesure sanitaire que ce soit.»
Selon les associations du réseau sortir du nucléaire de nombreuses mesures étaient pourtant envisageables :
« Il eut fallu, dans la région strasbourgeoise, interdire de laisser pâturer le bétail et de ramasser le fourrage, s'abstenir de consommer le lait produit dans la région, ne pas laisser les enfants jouer dans l'herbe ou dans les bacs à sable. C'est ce que faisaient les Allemands de l'autre côté du Rhin. Mais les autorités françaises, ont nié l'utilité de ces précautions. Les travailleurs frontaliers qui franchissaient le Rhin chaque jour étaient fort surpris de voir que nos voisins ne mangeaient plus de salades, alors que chez nous, maintenus dans l'ignorance des risques, nous n’en avions pas réduit la production. Aucun gouvernement ne pouvait arrêter aux frontières nationales le nuage de Tchernobyl, ni empêcher la pluie de tomber. En revanche, ce que les autorités françaises devaient et pouvaient faire, c'était avertir la population du danger qui la menaçait. »
La France n’a pas mis en œuvre de dispositif spécifique. Cet accident n’a pas permis de planifications particulière, chaque pays ayant agit de façon individuelle.
Quelles conclusions pouvons nous tirer de cette catastrophe ?
L’explosion a eu plusieurs origines : des défaillances humaines et techniques se sont succédées. Le nuage radioactif a gravement touché la Biélorussie mais aussi une grande partie de l’Europe. Les conséquences de cette catastrophe sont aussi bien humaines, économiques et écologiques. Le bilan de cette catastrophe fait l’objet de nombreuses polémiques, et déclarations contradictoires les préconisations prises par les pays concernés ont été très tardive. D’autre part les pays européens ont pris des mesures de précautions à l’exception de la France. Aucune planification internationale n’a été mise en place.
Se pose alors le problème de la sécurité : les centrales de l’après Tchernobyl ont-elle évoluées ? Par ailleurs des leçons ont-elles été tirée avec l’apparition de nouvelles politiques de sûreté ?